J’ai souvent besoin de lâcher le clavier et l’écran pour renouer avec de véritables activités manuelles. Dessiner, manipuler la terre, sculpter le tissu ou mettre en scène des photos sont d’autres formes de création qui font voyager l’esprit et enrichissent aussi mon travail graphique.
Pendant deux ans j’ai passé mes lundis soir à l’Atelier Elzévir. L’atelier propose surtout de faire des reproductions d’œuvres ou de photographies pour s’entrainer aux différentes techniques de dessin et peinture. Mais tous les workshops que j’ai faits avec les UrbanSketchers m’ont tellement donné le goût du dessin du réel, du vivant, du croquis rapide et spontané, que je n’ai pu m’empêcher de pratiquer cela à l’atelier. Voici donc mes collègues du lundi croqués sur mon grand carnet, ainsi que des vues, des détails de cet atelier qui regorge de matériel très “dessingénique“ !
Le lin est un matériau que j’adore depuis longtemps, bien avant qu’il ne devienne très à la mode. Je l’utilisais beaucoup dans ma déco personnelle et j’ai eu envie de proposer un livre de DIY entièrement consacré à la création d’objets en lin pour la maison et d’accessoires de mode.Epais et rugueux, très fin et légèrement lustré, j’ai exploré tous les types de lin, jusqu’à la ficelle que j’ai tricotée pour faire un coussin. Les éditions Minerva (groupe La Martinière) m’ont suivie dans mon projet et le livre est paru sous le titre Le lin, 40 objets à faire soi-même puis a été publié en anglais par les éditions Stewart, Tabori and Chang sous le titre Linen Craft.
Les sculptures autour de Cendrillon sont liés à la lecture de la première version italienne du conte, La gatta Cenerentola. J’ai imaginé une série de personnages et objets que m’ont évoqué cette version plus noire que celle de Charles Perrault. Tous sont réalisés dans des tissus anciens chinés que j’apprécie particulièrement pour leur tissage extrêmement serré, leur rigidité, parfois leur rugosité. Une fois sculptés, certains sont peints, brodés ou cirés.
En décembre 2019, je suis partie à Taiwan avec le groupe de urbansketchers de l’Atelier de la Salamandre. Pendant 16 jours, nous avons croqué les rues animées de Taïpei, la capitale, et de Taïnan, ville portuaire, écologique et artistique au sud de l’île. Les habitants, la circulation très dense, les célébrations dans les temples et surtout l’enchevêtrement de poteaux et de fils électriques présents partout sont de magnifiques sujets à dessiner sur le vif. Parmi plusieurs virées hors des villes, je retiens particulièrement celle dans le village de Jiufen connu pour ses lanternes et qui a inspiré Hayao Miyazaki pour le voyage de Chihiro.
Pour cet ouvrage sur la peinture sur porcelaine, paru aux éditions du Chêne, je me suis occupée du stylisme photo. Un magnifique chateau près de Caen a servi de décor aux prises de vue tandis que j’ai chiné de nombreux accessoires anciens pour faire vivre cette vaisselle aux accents classiques.
J’ai régulièrement fait du stylisme photo pour des magazines ou livres d’art de vivre ainsi que des séries pour une agence photo. comme celle-ci, en collaboration avec la photographe Claire Curt.
L’ envie de faire un livre de DIY sur les sacs est venue tout naturellement après avoir fini celui sur le lin pour lequel j’avais déjà imaginé quelques sacs. Mais j’avais encore plein d’idées en tête à réaliser avec beaucoup d’autres matériaux. Il ne m’a pas fallu beaucoup de temps pour convaincre l’éditrice des éditions Minerva, elle-même grande amatrice de sacs et, disons-le carrément, fashion addict ! Ainsi est né Sacs et accessoires, 40 objets à faire soi-même. Avec la photographe Claire Curt, nous sommes parties les mettre en scène dans les villes les plus emblématiques de la mode : New York, Paris et Londres ! Cette aventure m’a ensuite conduite à aller plus loin en créant une marque de sacs dont le modèle phare était le Billy, le grand sac en lainage orange de la couverture.
De mars à mai 2020, nous avons vécu une expérience extravagante : le confinement. Deux mois pendant lesquels il a été interdit de sortir de chez soi, de rencontrer ses amis, d’aller au bureau… Croiser des gens pouvait être dangereux. Quand Urbansketchers Paris a lancé, sur Instagram, le défi uskparisathome, je me suis prise au jeu en revisitant chaque jour mon appartement comme un nouveau lieu, un nouveau voyage : me mettre dans les condions de l’urbansketcher, mais à l’intérieur. Etudier les recoins, les intérieurs de placards, le foutoir… y voir des natures mortes qui se sont agencées toutes seules au fil de la journée et les croquer spontanément, telles que. 60 jours, 60 dessins, tout un carnet rempli d’une traite !
Il y a quelques années, à la demande des éditions du Chêne, j’ai imaginé un livre de DIY autour de l’univers tendre et bucolique de la comtesse de Ségur. Il s’agissait de créer de jolis objets réalisables par des enfants et leur grand-mère dans la décoration, la papeterie, la couture, le jardinage. J’ai également assuré le stylisme de cet ouvrage photographié par Claire Curt.
Le sac Billy’s que j’avais créé pour le livre édité chez Minerva a eu beaucoup de succès ce qui m’a conduite à le faire fabriquer. C’est ainsi que j’ai lancé une marque de sacs fabriqués dans un atelier parisien. Ma présence au salon du prêt à porter m’a permis de vendre mes collections jusqu’au Japon. Mais les impératifs liés à la fabrication et à la rentabilité sont compliqués et brident la créativité. En tant que graphiste, je ne suis pas habituée à d’aussi fortes contraintes, si bien que j’ai fini par arrêter cette entreprise pour retrouve ma liberté ! Mais cela reste une belle aventure. ©photos Claire Curt